L’analyse du chapitre 4 de « La
boîte à merveilles »
RÉSUMÉ
Sidi Mohammed et sa mère
rendent visite à Lalla Aîcha qui habite une maison simple mais où il fait bon
vivre. L’enfant suit attentivement la conversation des deux femmes qui parlent
des voisines et de bien d'autres sujets. Les gamins de la maison invitent le
jeune garçon à jouer au jeu de la mariée avec eux, un jeu qui se termine,
naturellement, par une dispute. De nouveau placé à côté de sa mère, le
narrateur prête l'oreille à tout ce qui se dit. Après le retour de Moulay
Larbi, les deux femmes se séparent provisoirement. Lalla Aicha rejoint
aussitôt son invitée et lui confie son malheur : son mari a été trahi par son
associé et risque de comparaitre devant le pacha. Cette triste nouvelle accable Lalla Zoubida qui fait part de son chagrin à Maalem Abdeslam une fois rentrée
chez elle.
§
provisoirement : مؤقتا
§
lui confie : أسرَّت لها
§
accable : أتعب – أجهد
-ENCHAÎNEMENT DES RÉCITS
1-1- RÉCITS VÉCUS
De nombreux évènements
sont rapportés par le narrateur soit comme témoin privilégie, soit comme
acteur à part entière. Dans ce cas il se base sur ce qu'il a vu ou ressenti
pour élaborer son récit où tout gravite autour du «je». Dans cette catégorie entrent
les séquences consacrées au Msid, au bain maure, à la Visite de Sidi Boughaleb,
à la disparition de Zineb et, dans ce chapitre, à la visite effectuée chez
Lalla Aicha.
La narration de ces récits
s'opère au moyen de l'écriture : elle exige bien évidemment un travail de
style, de composition et une certaine poésie, ce qui la distingue nettement des
oraux que nous allons examiner ci-après.
§
témoin : شاهد
§
privilégie : متميز
§
gravite : يدور
1-2- RECITS RACONTÉS
Ce sont des récits
exclusivement oraux qui se singularisent par la spontanéité du conteur mais
aussi par la magie du verbe qui éblouit les auditeurs. On en distingue deux
sortes : des récits « informatifs» qui comblent les vides laissés par le
narrateur, et des récits distractifs dont le but consiste uniquement à
divertir, à occuper le temps.
§
spontanéité : تلقائية - عفوية
§
éblouit : يسحر - يبهر
§
comblent : تملئ
§
distractifs : مسلية
§
consiste : يقتصر على
1-2-1-RECITS « INFORMATIFS »
Certains faits échappent à
Sidi Mohammed soit parce qu'il n'ya pas assisté, soit parce que son âge ne lui
permet pas de prendre leur narration en charge. Pour remédier à cette lacune, le
narrateur confie leur relation à des personnages relais en insistant sur leur
talent de conteur. Dans cette catégorie, on peut mettre le récit que Lalla
Zoubida fait à son mari au sujet de la mésaventure de Moulay Larbi. Ce choix
est amplement justifie par le narrateur: il ne peut raconter quelque chose
qu'il n'a pas entendu. Seule une personne ayant pris part à l'échange peut le
faire « Ma mère discutait à demi-voix avec son amie. Je n'osais pas m'en
approcher. J'entendis le mot « pacha» plusieurs fois au cours de leur
mystérieux dialogue. »
Le lecteur n'apprend
l'objet de la conversation qu’à posteriori. Lalla Zoubida, toujours fidèle à
ses habitudes de femme curieuse et bavarde, dévoile enfin le secret à son
mari. Cette fois, Mohammed qui tend attentivement l'oreille enregistre le
moindre mot. Il découvre, en même temps que le lecteur, de quoi il s’agit.
Les récits vécus et les
récits racontés s'alternent et s'enchaînent dans l'œuvre moyennant des
transitions habilement opérées. Ils resserrent l'unité de la narration et
forment un ensemble cohérent fondamentalement articulé autour des souvenirs
d'enfance, principal objet de ce roman autobiographique.
§
relais : بديل
§
mésaventure : حادث مؤسف
§ curieuse : فضولية
§ bavarde : ثرثارة
§ s'alternent : تتناوب
§ cohérent : متجانس
1-2-2-RÉCITS DISTRACTIFS
Cette catégorie est
principalement consacrée aux récits de Abdellah l'épicier qui cherche plus à
distraire son auditoire qu'à l'informer. Ce conteur hors pair que le narrateur
découvre à travers son père le fascine littéralement une fascination qui rappelle
l'engouement d'Ahmed Sefrioui pour la tradition orale à
laquelle il réserve une place centrale dans son oeuvre. En évoquant les
histoires de ce personnage singulier, le narrateur insiste sur son éloquence et sur l'art d'accrocher les gens qui se déplacent spécialement pour l'écouter.
Le personnage de Abdellah
l'épicier permet à Sidi Mohammed de découvrir un autre type d'hommes, souvent
marginalisés, des hommes qui mènent une vie très simple, mais qui conservent jalousement
les trésors de la tradition orale. Ils sont la preuve vivante que ce sont les
petites gens qui détiennent l'âme de la culture marocaine.
§
engouement : افتتان – شغف
§
éloquence : فصاحة – بلاغة
§
marginalisé : مهمش